︎︎︎Photographie





La pudeur et l’indécence ︎︎︎

Ce projet de photographie s’axe autour d’une multitude de dualités : la banalité et la fétichisation, le fragile et le brutal, l’intervention et l’observation, la fermeture et l’ouverture, la pudeur du sujet photographié—les façades stériles de bâtiments identiques et de paysages banlieusards—et l’indécence—celle du geste photographique, du regard fétichisant et de la transformation de l’image.
Les images sont imprimées sur du papier bond non-couché et sont ensuite plongées dans l’huile de canola, ayant été préalablement mouillées et couvertes de différents assaisonnements : sucre, fécule de maïs ou sauce soya. La friture transforme les noirs en un indigo onirique, les blancs deviennent translucides., À travers l’intervention avilissante, l’image acquiert une certaine fragilité nouvelle.






Qu’adviendra-t-il de ton corps ? ︎︎︎


«L’image photographique a valeur d’indice, au sens d’une pièce à conviction; du mal elle désigne le coupable, elle préjuge de son arrestation. C’est comme si la photographie nous rendait accessibles à l’origine secrète du mal; elle relèverait presque d’une théorie microbienne de la visibilité (on sait qu’en médecine « la théorie microbienne des maladies contagieuses a dû certainement une part non négligeable de son succès à ce qu’elle contient de représentation ontologique du mal. Le microbe, même s’il faut le truchement compliqué du microscope, des colorants et des cultures, on peut le voir, au lieu qu’on se saurait voir un miasme ou une influence. Voir un être c’est déjà prévoir un acte » )… »


(G. Canguilhem, Le normal et le pathologique, op. cit., p.12. cité in G. Didi-Huberman, Invention de l'hystérie, p. 55-56)




Scan de négatifs (Doubles/Triples Expositions), 2024